Le CRID rend hommage à François-Xavier Verschave

Samedi 2 juillet 2005

Voici quelque vingt ans que François-Xavier Verschave a fait irruption dans le champ de la solidarité internationale. Il poursuivait ainsi, naturellement, l’engagement qu’il avait mené dans le champ de la solidarité en France. Il est devenu, sans bruit et presque insensiblement, une des références de la solidarité internationale et a largement contribué à son renouvellement. Il a mis au service de son engagement sa passion contenue, sa capacité d’écoute, sa force de travail, sa conviction têtue, ses connaissances encyclopédiques, sa soif de comprendre, sa force d’indignation.

Au départ, c’est l’appel des Nobels pour l’aide au développement, qui conduit à la proposition de loi Survie, qui va donner son nom à l’association que François Xavier et Sharon Courtoux vont porter sans relâches. Au début, tout paraît simple, une majorité de députés soutient la loi, seule manque l’opportunité pour l’imposer. Pourtant les promesses restent vaines, les perspectives fuyantes. Nous en sommes toujours là aujourd’hui, avec la lutte contre la pauvreté, à interpeller les riches et les puissants qui campent sur leurs intérêts et restent sourds à toute humanité. Puisque la conviction ne suffit pas à imposer l’évidence, Survie va refuser de renoncer, l’association va s’engager, s’organiser, mobiliser.

Survie a participé à un nombre considérable de campagnes d’opinions, a publié avec la CIMADE et AGIR ICI d’excellentes brochures sur la politique française en Afrique, a joué un rôle majeur dans l’organisation des contre sommets franco africains, a participé, en 96, à l’organisation du contre G8 de Lyon, a été un membre fondateur d’ATTAC, a participé au Tribunal contre la politique de Elf en Afrique, etc. Survie a construit des partenariats d’amitié avec toutes les associations, particulièrement africaines, qui luttent pour la justice, en France et en Afrique. Survie a accueilli les groupes locaux qui se sont organisés à partir du refus de cautionner les orientations et les méfaits de la politique française.

A travers Survie, François-Xavier va bousculer bien des conformismes. Il insiste inlassablement sur la corruption et les compromissions et sur les responsabilités du système qui prolonge la colonisation française. Il met en lumière le caractère systémique de la Françafrique, cette fratrie des copains et des coquins. Il devient le point d’appui de tous les opposants africains poursuivis par des pouvoirs soutenus par les gouvernements successifs français. Il montre que la lutte contre la misère et la transformation sociale ne peuvent cohabiter avec la corruption, le cynisme, le déni de justice. Il fait un formidable pari optimiste sur l’avenir. Si on doit lutter contre la corruption et des régimes répressifs et dictatoriaux, c’est qu’ils ne sont pas naturels ; ils peuvent être combattus et remplacés par des régimes meilleurs pour leurs peuples.