La santé mondiale entre racket et bien public

Dans un certain nombre de pays, l’accès aux soins est conçu comme un droit, la santé est perçue comme un bien public et le système de santé est soumis à des obligations de service public. La Déclaration universelle des droits de l’Homme et l’Organisation mondiale de la santé ont visé à rendre universel le droit d’être soigné. Cet objectif est aujourd’hui loin d’être atteint pour une majorité d’habitants de la planète. Le drame du sida a incontestablement permis de changer les regards. Le mouvement de revendication d’un accès aux médicaments a créé sur le sujet une sorte d’opinion publique mondiale, obligeant l’Organisation mondiale du commerce à concéder le principe du droit prioritaire à la santé. Face à la logique de profit caricaturale de l’industrie pharmaceutique – véritable cartel à l’échelle planétaire -, un mouvement civique mondial s’est mis à défendre des valeurs d’humanité et de solidarité. Or, ce qui se joue pour la santé peut être reproduit avec l’éducation, la sécurité alimentaire, l’environnement ou encore les télécommunications : la problématique des biens publics induit la constitution de coalitions à l’échelle mondiale, entre citoyens d’une même Terre, incitant nos gouvernements à aller vers de nouvelles formes de légitimité internationale.

François-Xavier Verschave, Biens publics à l’échelle mondiale
ECLM, 2004 – 345 pages